navid(e)ad en Potosí

Publié le par bowizz


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Du wagon depuis Sucre, après un trajet à couper le souffle, je vois apparaître le Cerro Rico au loin. Un mont jaunâtre, étrange, dont la base semble grignotée de toute part, un mont laid, un point de chute qui contraste avec la beauté du trajet. Un mont qui jadis regorgeait d´argent, qui a fait la gloire de l´empire espagnol et de Potosí l'une des villes les plus peuplées du monde. On peut lire cette gloire passée quand on se promène dans le centre ville et son architecture  européenne, architecture que le temps et "l'investissement" a bolivianisé, irrémédiablement. Mais ce lointain prestige n´a pas éclaté sans sacrifices : il a fallu du monde pour extraire les tonnes d'argent, indigènes, africains,  des millions  à travailler et à crever dans des conditions atroces. 


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  Ces mineurs, il sont toujours là aujourd'hui, à travailler dans les mêmes conditions qu´à l'époque coloniale, ils sont 10 000 à  extraire divers minerais, mais surtout à traquer la "veine d´argent" dans les soubassements du Cerro, rêve centenaire, sans fin, rêve de mort. Dans les mines, de petits recoins sont creusés pour qu'ils puissent boire leur alcool à 90 "comestible" spécialement conçu pour eux, à côté d'un totem  du diable effrayant, que l´on calme à coup d´offrande tous les vendredis, cigarettes, coca et liche. Pour avoir discuter avec quelqu´un d´entre eux, les mineurs sont des déchirés un peu résignés mais animés par la fierté et la conscience de l'aspect spectaculaire de leur labeur. J´en ai vu un s´enfoncer seul, la dynamite dans la gueule, dans des profondeurs incroyables et je me suis dit "ok c'est l'enfer".

  Le soir, je picole avec Julio, que j´avais vu le matin même dans le ventre du Cerro et que j´ai recroisé fumant seul devant le pub. Il a l´air content de discuter avec moi, il porte un T-shirt pour touriste "I drank with the devil in the mountain which eat men". Après m´avoir parlé de cul pendant des heures, il me jauge d´un regard solide et me demande "quieres saber la verdad ?".
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Au milieu du 18ième siècle, selon plusieurs sources, Potosí a subi une forte chute de sa population. Selon les "officiels", ce décroissement serait dû à des mouvements de migration, hypothèse douteuse étant donné que Potosí était alors au fait de sa gloire. D´autres sources (Julio) mentionnent un mal étrange qui aurait contaminé les mineurs et les auraient rendus de plus en plus tarés.  Les partouzes croissaient au sein du Cerro, des meurtres à la pioche se faisaient de plus en plus fréquents et certains témoins auraient même mentionné divers cas de cannibalisme. Progression du syndrome, contamination, jusqu´à cette fameuse nuit où les mineurs seraient tous descendus vers la ville en riant...

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Ca démarre comme un film social avec l´exposition de la vie d´un mineur, de sa femme et des ses deux fils, dont l´un travaille aussi à la mine. 
Au tiers, le daron se rend compte que quelque chose bouge dans son bide, il continue à aller bosser mais ça devient de plus en plus gênant. Un soir, au dîner, il tente de s´enlever le pancréas avec un couteau de cuisine. 
Une scène clé à mi parcours, une scène de liche entre mineurs dans le ventre du Cerro, sous le regard du diable.
Un long final survival horror où le mineur tue sa femme et son jeune fils le plus jeune, l'autre réussit à s´évader... dans les mines.
Un Extra final à la Shining où le daron course son fils dans les mines, sans fin, jusqu´à une fondu au noir, sous la terre.

 
Navid(e)ad en Potosí 



 

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G
<br /> du canibalisme au voyage il n'y a qu'un pas tu mords à pleine dent.<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Bonne route mon p'tit mineur, ça fait bien longtemps que j'n'eu pris d'vos nouvelles !<br /> Biz Seb Cru<br /> <br /> <br />
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C
<br /> j'aime vraiment te lire frangin !! Continue ! Ca fait du bien d'avoir de tes nouvelles et de suivre à distance ton aventure bolivienne !<br /> <br /> <br />
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